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L’habitat des seniors en Suisse

Economie et Services

Yashka Huggenberger

Centrée sur les seniors en Suisse, cette thèse a pour but d’étudier l’impact de la santé et de l’accessibilité aux prestations de soins et services de santé sur les choix de logement.

Comme la plupart des pays industrialisés, la Suisse est caractérisée par une population vieillissante. Toutefois, elle se différencie des autres pays par son faible taux de propriété de logement propre. De plus, le manque de logements spécialisés pour les personnes âgés les incite à rester dans leur logement actuel plutôt qu’opter pour un habitat plus adapté à leurs besoins. Face à ce défi, il est important pour les gouvernements et les autres fournisseurs de logements de mieux comprendre les préférences des personnes âgées concernant leur comportement en matière de déménagement, la politique de prise en charge des seniors dans leur canton ainsi que leurs vulnérabilités en relation avec leur habitat.

Composée de trois articles scientifiques, la thèse doctorale débute par l’analyse de déterminants impliquant des intentions de déménager chez les personnes âgées de 60 ans et plus. Pour ce faire, les données secondaires de l’enquête longitudinale en sciences sociales du Panel Suisse des Ménages sont analysées. L’utilisation d’un modèle de régression logistique fournit des preuves empiriques de l'influence des facteurs sociodémographiques et de satisfaction sur l'intention de déménager. En outre, nous observons que le fait de ne pas être satisfait du logement, de vivre dans la région germanophone de la Suisse, de juger le logement trop grand et d'être locataire augmente l'intention de déménager.

Une seconde étude s’intéresse à la politique de la vieillesse en Suisse, en particulier aux conditions cadres en matière de logement dans les cantons. L’indépendance accordée aux cantons par la Confédération implique une hétérogénéité des stratégies d'accueil des personnes âgées. Afin d’observer les disparités entre les cantons, les statistiques fournies par la statistique des institutions médico- sociales (SOMED), la statistique de l’aide et des soins à domicile (SPITEX) ainsi que la statistique de la population et des ménages (STATPOP) sont étudiées à travers des classements, des régressions univariées et des mesures d’efficiences. Les résultats montrent que la prise en charge des personnes âgées dans les cantons alémaniques s’effectue plus couramment de manière stationnaire. A l’inverse, les cantons romands et le Tessin s’orientent plus fortement sur des prestations d’aides et de soins à domicile. Ainsi, une efficience plus marquée apparait dans les établissements médico-sociaux des cantons latins qui comprennent moins de résidents nécessitant peu de soins. La volonté des seniors de séjourner le plus longtemps possible à domicile y est alors plus respectée. De plus, l’orientation politique du canton ainsi que son degré d’urbanisation impactent significativement les décisions liées à la politique vieillesse des régions.

Enfin, la dernière étude porte sur les femmes baby-boomers (FBBS) face à leur dilemme du logement. Le centrage sur cette population est motivé par les vulnérabilités dont elles sont confrontées en comparaison avec d’autres populations en Suisse. Afin d’identifier des différences entre les hommes du même âge vivant seuls, des femmes baby-boomers accompagnées et des femmes plus jeunes logeant seules, l’analyse statistique est réalisée par des comparaisons de moyennes de variables sélectionnées dans le Panel Suisse des Ménages à travers des t-tests. Cette étude révèle qu’en regard des autres groupes observés, les FBBS présentent des vulnérabilités financières, sociales, de santé et une situation de logement défavorables.

Les conclusions de cette thèse contribuent au bien-être des seniors en Suisse, en aidant les gouvernements ainsi que les entités privées à mieux planifier des logements adaptés à leurs besoins.