RMD - Conception d'un purificateur d'air pour les environnements exposés au Radon
Ingénierie et Architecture

Le radon 222 (222Rn) est un gaz noble radioactif, il est présent naturellement dans la croûte terrestre et par diffusion, il peut se retrouver dans l’air que nous respirons. Une concentration trop élevée dans un espace clos représente un véritable risque pour la santé.
En Suisse, le radon est considéré comme la source principale d’exposition aux rayonnements ionisants (3,3 mSv/an/personne) et serait responsable de 10 % des cas de cancer du poumon en Europe, ce qui en fait la deuxième cause après le tabagisme.
Cependant, en raison de sa nature inerte, le danger ne provient pas directement du radon lui-même, mais de ses produits de filiation (218Po, 214Pb, 214Bi et 214Po). En se désintégrant, le radon va produire d’autres éléments plus légers, mais toujours radioactifs, qui vont ensuite interagir avec les aérosols en suspension dans l’air en raison de leur nature chimique. Ce sont ces radioéléments fixés sur des aérosols qui sont dangereux, car une fois inhalés, ils restent dans les poumons et créent des dommages cellulaires importants en se désintégrant à leur tour et en produisant une irradiation interne.
En collaboration avec BAQ Sàrl, nous avons conçu un purificateur d’air innovant destiné à filtrer l’air contaminé par les produits de filiation du 222Rn. Ce système intègre un dispositif d’aspiration générant un flux d’air dirigé vers des filtres.
Dans un premier temps, pour trouver le filtre idéal vis-à-vis des filles du 222Rn, une méthode a été développée pour mesurer un facteur de rétention F. Une enceinte hermétique de 200 litres contenant une concentration élevée en 222Rn (550 kBq/m3) a été conçue. L’air contaminé y circule dans un système mécanique imprimé en 3D, dans lequel est insérée une série de filtres identiques. Après exposition, les filtres sont retirés, puis analysés à l’aide d’une sonde de contamination surfacique afin d’évaluer leur niveau de radioactivité. Les données obtenues sont ensuite ajustées à l’aide d’une fonction issue de la résolution des équations différentielles de Bateman, permettant d’estimer la contribution respective des trois premiers descendants du ²²²Rn.
Cette méthode a permis de tester différents types de filtres couramment utilisés dans les systèmes de ventilation des bâtiments, notamment les modèles des gammes G4 et F7.
La phase suivante du projet a consisté à évaluer les performances de filtration du prototype développé conjointement par BAQ Sàrl et HEPIA, dans une salle expérimentale à l’échelle réelle de 23 m³. Ce système de purification est doté d’un ionisateur qui favorise l’agglomération des aérosols en suspension, facilitant leur captation par les filtres. Pour intensifier la contamination, des aérosols ont été introduits artificiellement dans la salle à l’aide d’un générateur de particules. Avec une activité moyenne en ²²²Rn de 1000 Bq/m³, la dose efficace atteignait jusqu’à 12 µSv/h lorsque le générateur était activé. En activant ainsi le système de filtration, nous avons pu réduire cette dose d’un facteur 8, la faisant passer de 12 à 1,5 µSv/h. Des essais supplémentaires sont prévus à l’avenir afin d’explorer d’autres configurations et d’optimiser la réduction de la dose.