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COMO-CO - Commerce, attractivité et espace public

Ingénierie et Architecture

D’où viennent les personnes qui fréquentent les rues et les commerces des centres-villes et par quel moyen de transport ? Quelles qualités urbaines et quelles fonctionnalités les invitent à y venir et à consommer ? Analyse croisée des perceptions des passants et des commerçants locaux.

Les achats et les activités de loisirs liées aux commerces, aux services ou à la restauration constituent un générateur de mobilité important. L’accessibilité des centres-villes est par ailleurs l’objet constant de préoccupations afin de parvenir à un équilibre optimal entre l’accès motorisé aux commerces et la qualité urbaine des espaces publics et des rues commerçantes. L’étude analyse le mode de transport utilisé et les éléments urbains qui freinent ou invitent à se rendre au centre-ville. Elle évalue par ailleurs de manière critique les déplacements observés en vue de dégager des potentiels de report modal visant une meilleure efficacité des ressources utilisées, une réduction des impacts environnementaux, climatiques et sur la santé ainsi qu'une utilisation plus efficiente et qualitative des espaces publics.

Réalisée en partenariat avec six villes de Suisse romande et trois cantons, l’étude s’intéresse aux petits commerces, confrontés à des défis plus élevés que les grandes surfaces, et ce, avant tout dans les villes moyennes (20'000 à 40'000 habitant·e·s), touchées par d’autres dynamiques que les métropoles.

Pour cela, nous avons recouru à des entretiens auprès de commerces et à une enquête auprès des passants, dans les centres de six villes moyennes : Bulle, Carouge, Fribourg, Lancy, Vevey et Yverdon-les-Bains. La méthode, puis les résultats ont été discutés avec les commerces et les représentants des villes dans le cadre d’ateliers. Le but de ces échanges était d’améliorer la compréhension mutuelle et de livrer des pistes d’action aux villes pour valoriser leurs rues commerçantes.

L’étude met en évidence un double rôle commercial des centres-villes : d’une part, ils attirent une clientèle régionale ou de communes limitrophes, en tant que centre de services et d’aménités. Cette clientèle éloignée est principalement automobiliste ou utilise les transports publics ; d’autre part, ils servent une importante clientèle locale, habitant ou travaillant dans la commune. Prédominante dans presque tous les cas d’étude, la clientèle locale indique très majoritairement être venue à pied. Cette forte proportion de piétons contraste avec la perception exprimée par les commerçants interrogés, qui surestiment globalement la part de clientèle éloignée et automobiliste.

L’analyse des fréquences et des volumes d’achats révèle l’intérêt commercial de mieux prendre en considération la clientèle venue à pied : d’une part, celle-ci indique une fréquentation des secteurs enquêtés nettement plus intense que la clientèle automobiliste, d’autre part, le volume d’achats transporté n’est pas plus important chez les automobilistes, contrairement à la perception exprimée par certains commerces.

Dans les rues étudiées, les petits commerces prédominent et leur fréquentation constitue le principal motif de la présence des personnes interrogées. Les rues commerçantes des centres-villes disposent ainsi d’atouts que n’ont pas les centres commerciaux de périphérie, grâce à une offre variée et souvent originale, inscrite dans un lieu d’animation et de convivialité, cadre de flânerie et de rencontre généralement à forte expression identitaire et patrimoniale.