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En Europe, les dirigeants académiques et les politiciens ont souligné l’importance d’instaurer l’Open Access. Ils ont défini des objectifs ambitieux. Différentes stratégies nationales ont ainsi vu le jour.

Le mouvement international en faveur de l’Open Science est d'abord parti des milieux scientifiques et des bibliothèques. Les coûts croissants des abonnements aux revues de quelques grands éditeurs furent le détonateur. Ce modèle du lecteur-payeur limitait l'accès à la connaissance par des barrières financières jugées illégitimes. Premièrement parce que l'argent public finançait les chercheurs, les peer-reviewer et les abonnements aux revues. Et deuxièmement par ce que la numérisation aurait dû, au contraire, faire baisser les coûts. 

En 2002, l’Initiative de Budapest pour l’accès ouvert lança un mouvement de grande ampleur. Il continue de s'étendre aujourd'hui. Rendre l’accès à la recherche aussi large et gratuit que possible est devenu le leitmotiv de plusieurs initiatives.  On peut citer, en exemple, la Déclaration de Berlin (2003) et l’appel de la Ligue of European Research Universities (LERU, 2015). La HES⁠-⁠SO a signé ces deux initiatives.

Si le mouvement pour l’Open science/Open Access est d’abord parti du "bas", les décideurs (notamment ceux de l’Espace européen de la recherche) se le sont appropriés. Ils en sont aujourd’hui des promoteurs de poids. Leurs initiatives vont dans le sens d’une accélération maximal vers l’Open Access.  Le Plan S est l’initiative européenne la plus importante en la matière. De nombreux Etats ont suivi, dont la Suisse. Ils ont adopté leurs propres stratégies nationales. Celles-ci sont référencées sur le Registry of Open Access Repository Mandates and Policies (ROARMAP)

Le Plan S a été lancé, le 4 septembre 2018, par Science Europe (association d'organisations scientifiques, basée à Bruxelles). C'est une initiative de la Commission européenne et de la "cOAlition S", un consortium soutenu par le Conseil Européen de la Recherche et les agences de financement de la recherche de douze pays Européens. Le FNS est membre de la cOAlition S.

Toutes les chercheuses et tous les chercheurs déposant un projet pour un programme européen sont soumis au Plan S.

Le Plan S : objectifs et principes

Le Plan S cherche à accélérer la transition vers un système de publication en Open Access. Il promeut : 

  • la publication immédiate en Open Access (Gold road), en 2020, de toutes les publications peer-reviewed issues de recherches financées par des fonds publics ou privés.
  • la possibilité d’une utilisation et d’une re-utilisation non-restrictives des publications scientifiques   (full Open Access).

Le plan S est structuré en dix principes qui portent, notamment, sur le droit d’auteur, les frais de publication, l’harmonisation des politiques et stratégies d’organismes de recherche en matière d’Open Access, etc.

Le Plan S soutien aussi un changement des critères d’évaluation de la recherche. Il s’appuie sur les recommandations de la Déclaration DORA. Il souligne enfin l’importance de la transparence des coûts liés aux frais de publication en Open Access. 

Sur les exigences en matière d’Open Access vis-à-vis des chercheuses et des chercheurs qui déposent un projet auprès du programme européen Horizon2020, voir la page « Quels sont les exigences des bailleurs de fonds? ».

Le Plan S a été soumis à consultation publique concernant le guide d’implémentation dudit plan.  L'ensemble des contributions a été rendue publique sur Zenodo en juin 2019.  Pour plus d'informations voir le Résumé des 20 changements majeurs du Plan S

En 2015, le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) a mandaté swissuniversities pour élaborer, avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), une stratégie nationale de libre accès aux publications.

Par rapport au Plan S, le délai pour la mise en ligne des publications  est plus long (2024 au lieu de 2020). En outre, plusieurs modèles d’Open Access sont admis (contrairement au Plan S qui se concentre sur la Gold road).

Stratégie et Plan d’action de swissuniversities

La Stratégie nationale suisse d’Open Access a un objectif clair: d’ici 2024, toutes les activités de publication académique de Suisse devraient être Open Access.

Afin d’y parvenir, un plan d’action a été adopté en février 2018. L’approche proposée combine trois pistes pour augmenter le taux de publications en Open Access:

  • L’auto-archivage ou Green Road : inciter les chercheurs à archiver leurs publications sur des serveurs de dépôt institutionnels (ArODES pour la HES⁠-⁠SO) ou thématiques.
  • Gold Road : Inciter les chercheurs à publier les résultats de leurs recherches sans délai dans des revues Open Access. 
  • Hybrid road : Négocier avec les maisons d’édition des contrats de licence couvrant à la fois l’accès aux revues et la possibilité, pour les chercheurs des hautes écoles suisses, de publier leurs travaux en Open Access dans les revues de ces maisons d’édition (Offsetting, variante sans double dipping de l’Hybrid OA).

Le plan comporte sept lignes d’action qui visent, entre autre, à adopter et à harmoniser les politiques d’Open Access des hautes écoles suisses ; à négocier avec les éditeurs; ou encore à coordonner et regrouper les ressources.

L’essentiel est qu’il appartient aux hautes écoles de mettre en œuvre les recommandations de swissuniversities, avec son soutien. Ceci laisse donc une marge de manœuvre permettant de prendre en compte la diversité des disciplines, des types de recherche et des modes de diffusion des résultats.

Le FNS

Le FNS applique les recommandations de la stratégie nationale. Objectif: en 2020, 100 % des publications résultant de son encouragement devront être en Open Access.

Le FNS soutient le Plan S mais ne l’a pas signé. Pourquoi ? Le FNS, contrairement au Plan européen, est favorable à la Green road. C’est-à-dire qu’il soutient la possibilité de publier en Open Access non pas seulement immédiatement mais après un délai d’embargo. Celui-ci est de 6 mois pour les articles et de 12 mois pour les monographies. Les chercheurs suisses sont donc plus flexibles que celles et ceux soumis au Plan S.

Sur les exigences en matière d’Open Access vis-à-vis des chercheuses et des chercheurs qui demandent des financements du FNS, voir la page  « Quels sont les exigences des bailleurs de fonds? ».

La HES⁠-⁠SO a adopté sa propre stratégie Open Access en décembre 2018.  Les Hautes écoles s’engagent ainsi à adapter leur politique de publication afin de répondre aux objectifs fixés par la stratégie nationale et par les instances de financement.

La particularité de la recherche au sein de la HES⁠-⁠SO est la production d’un savoir orienté vers la pratique. L’Open Access est un atout considérable pour la diffusion des connaissances auprès des acteurs de terrain. 

Mais ce type de savoir, de même que la diversité des domaines de la HES⁠-⁠SO, posent aussi de grands défis à la mise en œuvre de l’Open access. Ceci demande une adaptation des infrastructures et supports existants.

Considérant qu'une approche unique de l'Open access, ne pourrait pas réussir, le Rectorat a opté pour une approche souple qui garantisse aux chercheurs la liberté académique. D'ici 2024, 100% des publications devront être en Open access mais selon une stratégie mixte qui fait la part belle à la voie verte, soit le dépôt dans l'archive institutionnelle ArODES.

Les projets Open HES⁠-⁠SO

Pour l’heure, deux projets institutionnels et deux d’importance nationale existent au sein de la HES⁠-⁠SO.

  • L’archive ouverte de la HES⁠-⁠SO : ArODES. Elle est le principal instrument de la politique Open Access de la HES⁠-⁠SO. Les chercheuses et les chercheurs ont l’obligation d’y déposer leurs publications scientifiques. Pour plus d’information voir la page « Publier dans ArODES ».
  • Swiss Open Access Repository (SONAR). Le projet fait aussi partie du programme « information scientifique » de swissuniversities. Il est porté par RERO en collaboration avec trois partenaires (HES⁠-⁠SO via la HEG-GE, HTW Chur et Université de Suisse italienne). Il propose de mettre en place une archive nationale de publications en libre accès. L’objectif ? Offrir un service d’archivage aux Hautes écoles qui n’en possèdent pas encore. Il fournit à celles qui en disposent, des services d’acquisition automatique des contenus publiés par l'institution et de les indexer par les agrégateurs généralistes. Le tout vise une centralisation et une visibilité de toutes les publications à l’échelle nationale.
  • Le projet Swiss Library Service Platform (SLSP). Il fait partie du programme « information scientifique » de swissuniversities. C'est une plate-forme nationale pour les bibliothèques scientifiques suisses. Les ressources numériques du pays pourront être administrées de manière centralisée afin d'optimiser leur consultation. La HES⁠-⁠SO est partenaire du projet. 
  • Data Life-Cycle Management (DLCM)
    La  HES⁠-⁠SO  participe  activement au  projet  national DLCM  (Data  Life  Cycle  Management) afin  de contribuer  au  développement  de  solutions  nationales pour la gestion  des  données  issues  de  la recherche. La  HES⁠-⁠SO, par l’entremise de la  HEG  Genève  (filière  Information  documentaire), est l’un  des  huit  partenaires  institutionnels  de  ce  projet  financé  par le   programme P5   de swissuniversities. L’objectif est de proposer aux chercheuses et chercheurs plusieurs services liés à l'Open Research Data

Au-delà de ces projets, la HES⁠-⁠SO :

  • collabore étroitement avec swissuniversities afin de réaliser l’Open Access (infrastructure, formation, gouvernance, harmonisation des pratiques, monitoring).  
  • s’engage, via le Consortium des bibliothèques HES, dans des négociations avec les grandes maisons d’édition telles Springer Nature, Elsevier et Wiley. L’objectif ? Eliminer les coûts très élevés d’accès aux publications détenues par ces revues. 
  • par la signature de la Déclaration DORA, la HES⁠-⁠SO souscrit à la nécessité de changer l’évaluation de la recherche. Pour plus d’information, voir la page « L’évaluation de la recherche ».

Avec le soutien du Rectorat, chaque haute école, selon ses spécificités, sera amenée à développer les mesures d’incitation et de financement nécessaires à la réalisation de la stratégie Open Access de la HES⁠-⁠SO.