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FemSpin, inspirer l'entrepreneuriat féminin : rencontre avec Karen Pisoni

Egalité & Diversité Publié le 19.11.2024. Mis à jour le 20.11.2024.

Le projet FemSpin vise à promouvoir les femmes entrepreneures en Suisse. À l’occasion de cette initiative, nous avons rencontré Karen Pisoni, diplômée de l’ECAL/Ecole cantonale d'art de Lausanne et de la Haute école d'art et de design - Genève (HEAD-Genève). Avec son projet Pisoni-lab, elle propose la création de scénographies qui perdurent au-delà de l’événement. Interview.

Pisoni-lab, pour transformer une expérience éphémère en un souvenir tangible et durable.

Avec Pisoni-lab, Karen Pisoni et ses partenaires artistes et artisans donnent vie à des scénographies uniques et éphémères. En proposant à la vente les éléments de ces installations, ils offrent au public la possibilité de prolonger l'expérience artistique chez eux et de soutenir les créateurs locaux.

Quel a été votre parcours professionnel et académique avant de lancer votre entreprise Pisoni-lab  ?

J'ai toujours été guidé par une exploration de mes passions créatives. Après un apprentissage de polygraphe au Tessin, j'ai déménagé à Lausanne pour élargir mes horizons. Fort de quelques années d'expérience en tant que graphiste, j'ai intégré le Bachelor en Media & Interaction Design à l’ECAL, où j'ai particulièrement apprécié la création de systèmes et la conceptualisation de projets. Après plusieurs années d’études principalement numériques, j'ai ressenti le besoin de renouer avec une pratique plus manuelle et artistique, ce qui m'a conduit à obtenir un Master en Architecture d'Intérieur à la HEAD. Cette formation interdisciplinaire m'a permis de me former au design d'espace, ce qui a marqué un moment pivot dans mon parcours.

Avec des compétences couvrant plusieurs domaines, notamment le graphisme, la communication visuelle, le design d'interaction et le design d'espace, j'ai pu travailler sur mes premiers mandats, qui ont affiné mon expertise et marqué le début de mon véritable parcours entrepreneurial. Ces premières expériences ont mis en lumières les problématiques lié au système d'aménagement temporaire, et ont été crucial dans la création d'un modèle circulaire, concrétisé à travers le lancement du Pisoni-lab.

En quoi consiste exactement Pisoni-lab ?

Le concept de Pisoni-lab repose sur la création de scénographies temporaires qui perdurent au-delà de l’événement. L’idée est de permettre au public d’acquérir les éléments de l’installation, leur offrant ainsi une nouvelle vie. Cette approche durable minimise l’usage de nouvelles ressources et favorise la réutilisation. Nous intégrons des objets du stock dormant de nos partenaires—artistes, artisans et entreprises—dans nos scénographies, qu’il s’agisse de mobilier, d’objets décoratifs ou d’accessoires. Ces éléments sont disponibles à la vente pendant les événements. Les objets non vendus sont retournés à leurs propriétaires, évitant ainsi le gaspillage. En parallèle, pour chaque événement, Pisoni-lab produit une microédition d'objets signature, selon les besoins spécifiques (mobilier, luminaires, décoration). Par exemple, pour le Festival Fureur de lire 2023, Pisoni-lab a intégré dans la scénographie des éléments fournis par Caritas, des vases d’exception de Marilyne Jdahim et Moosh Studio, ainsi que des meubles en céramique de Tiled.ch. Pisoni-lab a conçu des luminaires en branches brutes pour l’occasion.

Votre projet est actuellement incubé par Pulse Incubateur HES, comment êtes-vous arrivée là-bas ?

Je suis arrivée au Pulse Incubateur HES en 2023 grâce aux recommandations de personnes que je connaissais dans ce milieu. Au départ, j'étais sceptique car, dans le domaine artistique, l'entrepreneuriat est rarement abordé, et je trouvais difficile de concilier la pratique créative avec l'idée de se vendre. Pulse m'a aidée à dépasser ces réticences et m'a permis de découvrir un univers entrepreneurial jusque-là inconnu. Grace à l'accompagnement du réseaux d'expert·es Pulse, j'ai pu mener une recherche de marché approfondie et affiner le projet en accord avec mes valeurs.

Quels seraient vos conseils aux femmes qui hésitent à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Je leur conseille avant tout de suivre leur passion et de rester flexibles, car les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. L'important est de faire de son mieux et d’accepter que certains facteurs échappent à notre contrôle. Il est crucial de relâcher la pression, d'être prête à apprendre de ses expériences et de se rappeler que la perfection n’existe pas. Être indulgente avec soi-même est essentiel pour maintenir sa motivation. Je recommande également de ne pas craindre de partager son travail. Personnellement, j'ai longtemps hésité à le faire, mais les échanges avec d'autres professionnel·les m’ont beaucoup aidée à m’affirmer. Être entourée et partager ses idées et expériences est bien plus enrichissant que d’avancer seule.

Quelles actions pourraient mener les hautes écoles pour favoriser la création d’entreprise par des femmes ?

D'après mon expérience personnelle, les hautes écoles de design ont un rôle essentiel à jouer dans le soutien à l'entrepreneuriat féminin en renforçant l'accompagnement dès les études. Il serait bénéfique d'organiser des ateliers et des cercles de discussion axés sur les aspects entrepreneuriaux spécifiques au domaine du design et de créer des cours pour apprendre des compétences clés, comme la recherche de marché. De nombreuses étudiantes souhaitent créer leur propre entreprise après leurs études, mais manquent souvent des connaissances fondamentales en matière d'entrepreneuriat. Fournir ces compétences permettrait aux étudiantes de se préparer efficacement et de transformer leurs idées en projets concrets.