Pourquoi avoir choisi un sujet en rapport avec les enjeux de durabilité pour votre travail de Bachelor ?
La durabilité et l’industrie hôtelière sont deux domaines qui m’ont toujours intéressée, c’était donc un bon match ! J’ai grandi proche de la nature et j’ai ainsi toujours eu un lien particulier avec le sujet de la durabilité. Par rapport au tourisme, pendant mes études à la HES-SO Valais-Wallis - Haute école de gestion, on a vite été sensibilisé∙es à l’impact de cette industrie sur la planète, qui est astronomique. Je me suis même posée la question de savoir si je voulais rester dans ce domaine, mais je me suis dit que c’était plus intéressant d’essayer de penser à des solutions [de l’intérieur].
Quels sont les cours et enseignements qui ont été un support au thème de votre travail et/ou qui vous ont sensibilisée ?
En commençant mes études à la HES-SO Valais-Wallis - HEG, je n’avais pas en tête le thème de mon travail de bachelor. En 1ère année, on a eu des cours qui ont posé les bases de la durabilité. En 2e année, il y a eu une semaine complète dédiée à la durabilité, que je n’ai malheureusement pas pu suivre parce que j’étais en Erasmus. L’école sensibilise donc assez bien à la thématique. Pour mon travail, je me suis surtout appuyée sur des lectures que j’ai faites pour ma revue de littérature parce que mon sujet est un peu plus spécifique vu qu’il traite de régénération, qui va plus loin que la durabilité. En parallèle de mon travail de Bachelor, j’ai choisi une option qui s’appelle Manager 21. Par groupe on devait réaliser un bilan carbone pour une entreprise. Autant dire que là on entrait dans le vif du sujet ! Cela m’a montré la complexité de la thématique.
Qu’est-ce que vous retirez de ce travail, quels sont les principaux enseignements pour vous ?
Ce que je retiens est que la durabilité est un concept qui est là depuis de nombreuses années mais on voit bien aujourd’hui que ce n’est pas suffisant. Il faut repenser la durabilité en passant de la simple réduction d'impacts à la réelle génération d'impacts positifs sur les écosystèmes. Le concept de régénération va dans cette direction-là. Cela m’a donné beaucoup d’espoir. J’ai aussi compris que les nouvelles technologies sont certes nécessaires, et ont déjà beaucoup aidé, mais maintenant ce sont surtout les mentalités des gens qui doivent changer. Mais c’est un long processus, sur plusieurs générations. C’est tout un système de valeurs qui doit être revu. Une autre chose apprise à travers mes lectures est que l’on sous-estime généralement le pouvoir que les individus peuvent avoir : si on change toutes et tous nos comportements ensemble, cela a un réel effet.
Qu’est-ce que votre travail de Bachelor peut apporter à la société ? Quel est son impact, son potentiel de transformation ?
Mon travail de Bachelor est une pierre à l’édifice d’un gros projet de recherche autour de la regenerative hospitality, qui a un potentiel énorme. Le concept de régénération dans l’hôtellerie a un impact holistique. Un hôtel est en endroit qui accueille des personnes des quatre coins du monde. Si un établissement met en place des choses par exemple au niveau du gaspillage, du tri des déchets, de la consommation d’énergie, la clientèle le voit, elle y est automatiquement sensibilisée. Je pense que les hôtels ont un grand potentiel d’éducation sur la question des impacts individuels.
Un hôtel peut avoir aussi un effet positif au niveau de l’écosystème local : il peut inclure la communauté locale dans ses activités, amener sa clientèle dehors, au contact de la nature et de la communauté locale, sensibiliser à ces thématiques. Il peut aussi redistribuer une partie de ses profits pour soutenir des projets locaux, investir dans des projets pour la nature, par exemple pour replanter des arbres, etc. Il y a beaucoup de choses à faire.
J’ai discuté avec six professionnel∙les de l’hôtellerie mais il faudrait que tout le secteur soit sensibilisé à cela. J’ai l’impression que les hôtelières et les hôteliers n’ont pas conscience du potentiel qu’ils ont, qu’ils peuvent vraiment aller plus loin. Cela commence à bouger un peu, mais il faudrait organiser des séminaires, que des gens de l’industrie hôtelière aillent expliquer tout ce qui est faisable et comment le réaliser. Mais je suis bien consciente que c’est un long processus et que c’est un vrai travail de profondeur, qui nécessite beaucoup de temps, d’énergie et d’argent.
Et la suite… Quel est votre projet professionnel ?
Je finis mon stage dans 6 mois [chez Suisse Tourisme] et j’ai envie de travailler directement ensuite. J’ai plein d’idées. J’aimerais faire quelques expériences dans l’industrie hôtelière et pourquoi pas travailler aussi dans l’événementiel. Ce qui est sûr, c’est que les valeurs de durabilité de l’entreprise vont clairement rentrer en ligne de compte. Pendant l’écriture de mon travail de Bachelor, j’ai appris qu’il existait de plus en plus de postes de managers durabilité dans les hôtels, ce qui serait très intéressant comme futur emploi. Mais il faudrait que je me spécialise un peu, c’est assez technique. Pourquoi pas faire un master dans quelques années…
Un petit message à faire passer ?
En faisant ma revue de littérature, je me suis rendue compte que beaucoup de monde avance qu’on est dans une transition entre un ancien système et un nouveau système, que ce sont des cycles, qui passent par des changements plutôt abrupts. Je trouve assez fou de se dire qu’on est en train de vivre une transition. Cela peut être un peu angoissant, mais c’est aussi excitant d’imaginer que ce qu’il y aura après ne peut qu’être mieux. Il y a de l’espoir !
Le Prix durabilité du domaine Economie et Services de la HES-SO récompense les étudiantes et étudiants qui présentent les meilleurs travaux de fin d’étude prenant en compte les enjeux de durabilité. Le jury évalue l’impact en termes d’atteinte des Objectifs de développement durable de l’ONU et l’importance de la dimension durabilité (objectifs, angle d’analyse, méthode, etc.) dans les travaux de Bachelor ou de Master soumis au concours.
Les lauréates du prix 2023 sont :
- Inès Revaz, Bachelor en Economie d'entreprise (Haute école de gestion de Genève) : « Vers une transition durable : encadrer l’utilisation d’un or durable dans les entreprises horlogères et de joaillerie suisses »
- Carmen Rosat, Bachelor en Tourisme (HES-SO Valais-Wallis – Haute école de gestion) : “Rethinking Sustainability: An Evaluation of Regeneration Potential in the Swiss Hotel Industry”
- Tiffany Thomas, Master en Business Administration (HES-SO Master) : « Approche prospective de l’impact du féminisme sur la gestion des PME suisses romandes »