Les travailleurs sociaux et travailleuses sociales sont fréquemment amené·e·s à travailler avec des personnes et à des groupes victimes d’inégalités sociales et de discriminations dans différents domaines de leur vie. Que ce soit au niveau individuel ou structurel. Or, les actions de terrain et la recherche se concentrent le plus souvent sur un seul facteur de risque ou d’inégalité à la fois, que ce soit le genre, l’orientation sexuelle, le parcours migratoire, les capacités ou l’âge, par exemple.
Mais est-il vraiment possible de ne considérer qu’un seul facteur à la fois ? Comme suggéré par la notion d’intersectionnalité, les caractéristiques et les identités des individus n’interagissent-elles pas pour créer des conditions particulières de discrimination ? L’accès au marché du travail est-il le même pour une femme que pour un homme ? Pour une femme suisse que pour une femme migrante ? Ignorer de telles configurations ne revient-il pas à rendre invisibles des situations précaires au sein de groupes déjà fragilisés ?
En considérant l’impossibilité de réduire un individu ou un groupe à une seule caractéristique, à une seule variable, la Journée de la recherche 2023 du domaine Travail social se veut l’occasion de discuter et réfléchir sur la nécessité et la possibilité d’adopter une vision et une compréhension plus large et complète de la personne pour essayer de mieux cueillir sa complexité et celle de son contexte et ainsi proposer des interventions sociales qui soient les mieux adaptées et les plus efficaces possibles.
Cette journée, en mobilisant des notions telles qu’inégalité complexe, multiplicité des oppressions, discriminations multiples ou discriminations intersectionnelles, vise ainsi à mettre au centre du débat des réalités et des expériences vécues par de nombreux publics du travail social et à penser les projets de recherche et les actions dans une perspective capable de considérer plusieurs facteurs de risque d’inégalité et de discrimination à la fois.