Le photographe Riccardo Willig, devenu bénévole à la Fondation Carrefour-Rue & Coulou, a photographié les personnes qui s’y rencontrent. Lors des multiples moments passés auprès des personnes dans la pauvreté, il a été confronté à la bonne conscience que confère la charité et s’est questionné sur son propre rôle de photographe. De là, après deux ans, a émergé le projet d’un livre de photos que vous pourrez découvrir à travers l’exposition qui prendra place à la HETSL jusqu’au 22 décembre.
Au début de ce projet du livre ont alors surgi mille questions : comment rendre compte photographiquement de réalités généralement invisibles et pourtant si souvent sous les yeux de tout le monde ? Comment éviter le misérabilisme, l’intrusion, le voyeurisme, la sensiblerie ? Que montrer ? Pourquoi montrer ? Que faire ? Comment exprimer le respect dû à une Fondation qui assure la survie de nombreuses personnes tout en s’étonnant, voire se révoltant, face à tant de pauvreté dans tant de richesse ?
Il s’est vite avéré que des images ne pouvaient pas, à elles seules, éclairer pareilles interrogations. Il fallait des mots. Riccardo Willig s’est alors tourné vers deux ami·e·s, Yann Cerf et Véréna Keller. Les deux avaient publié des recherches dans le domaine des pauvretés et de la protection sociale. Yann Cerf, anthropologue, a fait de l’ethnographie à la Fondation Carfour-Rue & Coulou. Véréna Keller a travaillé comme assistante sociale avant d’être professeure en travail social et politiques sociales.
Ensemble, ils et elle ont fait dialoguer images et mots pour rendre visible une action humanitaire à Genève dans son contexte social et politique, et questionner la coexistence entre action humanitaire et droits sociaux.