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Le manque de femmes en génie mécanique

Publié le 15.01.2024. Mis à jour le 15.01.2024.

La perception stéréotypée de la filière

Par Angèle Cuvet, étudiante en génie mécanique à HEPIA et ambassadrice du domaine Ingénierie et Architecture

« Messieurs... » : ce début de phrase, généralement interrompu par un « et madame » suivi d’un regard sur moi, est une situation régulière qui illustre bien mes années d’études en génie mécanique. Cette réflexion initiale révèle subtilement deux aspects : l’habitude, chez mes enseignant·es, de se retrouver face à une assemblée exclusivement masculine, et puis ce mot, « madame », qui, exprimé au singulier, s’adresse à moi, la seule présence féminine de la classe.

Alors pourquoi donc les études en génie mécanique sont-elles majoritairement constituées d’hommes ? Ou plutôt, pourquoi il y a-t-il si peu de femmes qui étudient dans cette filière ? Il est évident que l’une des raisons pour lesquelles les femmes ne se dirigent pas naturellement vers les domaines techniques, comme le génie mécanique, réside dans une série de perceptions et de stéréotypes culturels encore bien ancrés dans la société. Bien que les mentalités changent, et que le monde prône l’égalité des genres, les métiers techniques restent souvent associés à des compétences perçues comme masculines.

Le génie mécanique est souvent perçu à travers des stéréotypes, même si la réalité de cette filière ne correspond pas nécessairement à ces idées préconçues. Les gens s’imaginent bien souvent que les études tournées vers la mécanique se limitent à lire des plans, dessiner des pièces et savoir choisir des roulements, et qu’une fois le diplôme en poche, les carrières s’orientent principalement vers la mécanique automobile. Le mot « mécanique » est alors souvent rallié au stéréotype du mécanicien, et il semble évident que présenté comme ça, la mécanique ne fasse pas rêver, et n’invite pas forcément la gent féminine à s’y intéresser.

Mais regardons de plus près les études en génie mécanique. Au-delà des cours de dessin technique et de conception, je dirais que les matières étudiées s’orientent toutes vers un objectif commun : l’ingénieur·e en génie mécanique doit être en mesure de comprendre des phénomènes physiques plus ou moins poussés, et de traiter des données à l’aide de logiciels, eux aussi, plus ou moins complexes à maitriser.

En ce sens, j’étudie aussi bien la mécanique des fluides, l’électromagnétisme, l’électrotechnique, la dynamique des systèmes mécaniques, les matériaux, mais je suis aussi en mesure de dessiner, simuler et analyser un grand nombre de situations. La mécanique touche une multitude de domaines et les débouchés sont divers et variés : l’aéronautique, l’aérospatial, l’automobile, le naval ou encore la machinerie en représentent quelques exemples. 

Voilà alors qu’en quelques phrases, nous nous éloignons des clichés énoncés précédemment sur la mécanique. Et même si le monde a évolué et que la société aime à dire qu’il n’y a plus de métiers genrés, cela reste toujours curieux de voir une femme étudier le génie mécanique. C’est certes accepté, mais cela reste surprenant pour beaucoup, ce qui souligne bien que malgré les progrès, des comportements sexistes peuvent encore influencer les attentes autour des choix de carrière.

Il est donc important de montrer à la société en quoi consistent réellement les études et les métiers dans la technique. Les modèles d’identifications se doivent d’être variés. La mise en avant de modèles féminins inspirants et de leurs réussites joue un rôle clé pour encourager davantage de femmes à poursuivre leurs études et leurs carrières dans ces domaines.

C’est pour cela que les initiatives comme Ingénieuse existent : montrer aux jeunes filles, aux adolescentes, aux femmes, mais aussi aux hommes, que les femmes ont entièrement leur place dans le monde de la technique et de l’ingénierie. En aucun cas elles ne devraient remettre en question leurs choix d’orientation et de carrière par peur de se retrouver dans un milieu dit « d’hommes ».

Les métiers de la technique t’intéressent ? Je t’invite à suivre mon quotidien et celui d'autres étudiantes en ingénierie sur la page Instagram d’ingénieuse.