Par Aurore Delessert, étudiante en génie électrique à la HEIG-VD et ambassadrice du domaine ingénierie et architecture
Est-ce que je deviens plus cartésienne depuis que j’étudie l’ingénierie ? La première fois que je me suis posé la question, ce n’était pas en cours, ni devant un exercice de maths. C’était… au stand de tir.
Mon entraîneur, qui a lui aussi fait des études en ingénierie, m’a raconté quelque chose qui m’a marquée : plus il avançait dans ses études, plus il avait besoin de comprendre tout ce qu’il faisait. La position du corps, comment bien respirer, la réaction de l’arme, le réglage millimétré de chaque pièce… Il tirait de moins en moins “au feeling” et de plus en plus “à la technique”. Il m’a dit ça comme une évidence.
Moi, ça m’a fait réfléchir. Sur le moment, je me suis demandé : « Et moi ? Est-ce que je commence à devenir comme ça aussi ? »
Je n’avais jamais vraiment réfléchi à ma manière d’aborder les choses. Avant mes études, je faisais beaucoup confiance à mes sensations. Au tir, comme dans la vie, j’agissais beaucoup à l’intuition. Savoir, comprendre, analyser… ce n’était pas forcément ma priorité. Et pourtant, petit à petit, j’ai senti un glissement.
Je me surprends maintenant à chercher la logique derrière tout ce que je fais. À vouloir comprendre comment et pourquoi quelque chose fonctionne, et pas juste « cette chose fait ce qu’elle a à faire et voilà ». C’est presque un réflexe : si un phénomène m’intrigue, je veux l’ouvrir, le décortiquer, lui enlever tous ses secrets.
C’est là que je me suis reconnue dans les paroles de mon entraîneur. Je réalise que je regarde le monde autrement. Je vois des causes, des structures, des liens qui m’échappaient avant. Est-ce que je deviens plus cartésienne ? Sans doute un peu, oui.

Les études en ingénierie m’apprennent à chercher la logique derrière les choses, à analyser plutôt qu’à accepter, à vouloir comprendre la mécanique du monde. Et ce besoin d’explications s’invite partout, même là où je ne l’attends pas, comme au tir, où je commence moi aussi à m’interroger sur la position, l’équilibre, les micro-réglages.
Mais ce qui m’étonne, c’est que ça ne remplace pas mon intuition. Ça s’ajoute. Je ne deviens pas quelqu’un qui ne fonctionne qu’à la technique, mais quelqu’un qui mélange instinct, compréhension, ressenti et analyse. Une sorte d’équilibre entre “je le sens” et “je sais pourquoi”.
Alors, est-ce que je deviens plus cartésienne ? Peut-être. Mais je crois surtout que j’apprends à regarder le monde avec un œil différent : un regard un peu plus curieux, un peu plus exigeant… et peut-être aussi un peu plus ingénieur.
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