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Analyse logico-discursive des argumentations de déconstruction dans la revue suisse romande l’émiliE : les préconstruits culturels à l’épreuve de la critique féministe

Travail social

Rebecca Bendjama

Dans ma thèse de doctorat, je m’intéresse à des argumentations qui mettent en question des représentations et pratiques tenues pour évidentes selon des conceptions ordinaires ou dominantes.

Sur la base d’un corpus de 150 articles issus de la revue féministe suisse romande l’émiliE, tous publiés entre 2001 et 2009, et qui interrogent sous divers angles des normes de genre, je construis une typologie des argumentations de déconstruction dans ce contexte militant féministe. Pour ce faire, j’adopte une méthodologie inspirée de l’approche logico-naturelle, un champ qui s’intéresse au raisonnement dans des contextes de communication en langue naturelle et dont les outils analytiques sont utiles à l’étude de procédés logico-discursifs, et qui a par ailleurs l’avantage de proposer une approche compatible avec le constructivisme qui sous-tend à la fois mon cadre épistémologique et le féminisme radical qui caractérise la ligne rédactionnelle de la revue dans la période étudiée.

Mes analyses s’intéressent en particulier à deux types d’argumentations de déconstruction que j’ai identifiés par l’analyse logico-naturelle de ce corpus, à savoir d’une part la dénaturalisation – notamment celle de la ‘différence des sexes’ –, d’autre part la dé-banalisation – généralement celle d’inégalités entre femmes et hommes. J’examine en outre la manière dont ces deux types s’articulent l’un à l’autre dans les articles, et contribuent de plus à interroger la dé-légitimation des luttes féministes. Mon étude propose également une réflexion sur le concept de préconstruits culturels – ceux touchant au genre étant donné mon corpus –, puisque les argumentations de déconstruction invitent précisément à renoncer à certains préconstruits dominants, voire à les dénoncer, pour en adopter d’autres considérés comme plus acceptables.