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Tiffany Thomas, lauréate du Prix durabilité du domaine Economie & Services 2023

Economie et Services Publié le 07.03.2024. Mis à jour le 22.08.2024.

Pour la 2e édition du Prix durabilité du domaine Economie & Services, trois travaux de fin d’étude ont été primés. Entretien avec Tiffany Thomas, lauréate du prix 2023, pour son travail de Master en Business Administration (HES-SO Master) intitulé « Approche prospective de l’impact du féminisme sur la gestion des PME suisses romandes ».

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Tiffany Thomas, lauréate du Prix durabilité du domaine Economie & Services 2023

Pourquoi avoir choisi un sujet en rapport avec les enjeux de durabilité pour votre travail de Master ?

Le féminisme est une cause qui me tient à cœur depuis de nombreuses années. Je me renseigne énormément sur cette thématique, en lisant, en suivant des MOOCs et en écoutant des podcasts sur le féminisme. Quand j’ai vu que je pouvais faire le lien entre le business management et le féminisme, ça a fait tilt ! Lorsqu’on parle de durabilité, on a souvent tendance à penser à l’écologie par exemple. C’est en regardant les objectifs de développement durable de l’ONU que je me suis dit que mon travail de Master pouvait être en lien avec la durabilité, car l'égalité entre les sexes et la réduction des inégalités font parties de ces objectifs. 

Quels sont les cours et enseignements qui ont été un support au thème de votre travail et/ou qui vous ont sensibilisée ?

Je n’ai pas suivi de cours ni d’enseignement vraiment en lien avec le féminisme, c’est mon superviseur qui m’a conseillé des ouvrages pour supporter mon travail de Master. Il n’y a pas forcément eu de lien entre mes cours et mon travail de Master. Ma curiosité m’a poussée à me renseigner, à m’informer, à m’éduquer sur cette thématique. Certains cours peuvent être une base mais c’est aussi important de se renseigner par soi-même pour avoir d’autres sources d’information.

Qu’est-ce que vous retirez de ce travail, quels sont les principaux enseignements pour vous ?

Ce travail m’a fait réfléchir à la manière dont fonctionnent en général les entreprises. On a souvent tendance à se focaliser sur les profits, comment les maximiser, comment minimiser les pertes, choisir le bon business model…, alors que les personnes qui travaillent au sein des entreprises sont la première force de celles-ci. Donc je pense que c’est vraiment important de remettre les besoins des collaboratrices et des collaborateurs au centre.

Dans le cadre de mon travail, j’ai décomposé tout ce qui peut être en lien avec les collaboratrices et les collaborateurs : cela va de la gestion des employé∙es, à la culture d’entreprise, en passant par le choix des fournisseurs. J’ai pris conscience que chaque individu a une responsabilité dans l’épanouissement des collaboratrices et des collaborateurs. C’est tout un écosystème qu’il faut prendre en compte et mon travail de Master m’a permis de le mettre en perspective.

Qu’est-ce que votre travail de Master peut apporter à la société ? Quel est son impact, son potentiel de transformation ?

Même si elles ne mettent pas forcément le mot féminisme sur leurs pratiques managériales, j’ai interrogé des entreprises qui avaient déjà plus ou moins toutes mises en place des choses dans ce sens-là. J’ai constaté que lorsqu’une entreprise est féministe, elle est généralement aussi attentive aux autres aspects. On ne peut pas parler de féminisme sans se soucier de l’écologie, de l’impact sur la biodiversité, sur la société : on essaie de réduire son impact négatif en général. Les entreprises que j’ai interviewées essaient de faire les choses bien de A à Z. Par exemple, pour le choix des fournisseurs, les entreprises se demandent si c’est local ou pas, comment ils produisent, est-ce qu’ils essaient de choisir des moyens de transport plus vertueux, etc.

Par rapport à la société et à l’économie, il y a un point que je soulève dans mon travail concernant la rémunération. Quand on rémunère équitablement chaque salarié∙e, cela a forcément un impact sur la société. Si les femmes sont rémunérées équitablement par rapport aux hommes, l’économie se porte mieux parce qu’elles ont plus de pouvoir d’achat et elles peuvent être indépendantes financièrement.

Et la suite… Quel est votre projet professionnel ?

J’ai commencé un stage début septembre [2023] au sein du service communication du Rectorat de la HES-SO et j’ai constaté que le féminisme est une valeur ancrée. Par exemple, on utilise spontanément et automatiquement le langage inclusif. Et même dans l’ambiance en général, je n’ai jamais entendu de remarques sexistes, homophobes ou autres. Pour moi c’est vraiment important d’évoluer dans ce genre d’environnement plus tard. Pour l’instant, j’ai envie de continuer à travailler dans la communication, ça me plaît beaucoup. La durabilité me touche aussi. Grâce à mon travail de Master, j’ai vu tout ce qu’on pouvait faire, tout ce qui est possible. Travailler pour une entreprise qui respecte mes valeurs, c’est indispensable.

Un petit message à faire passer ?

Il y a beaucoup d’entreprises qui pensent que le féminisme est un gros mot, que c’est quelque chose qu’on ne peut pas mettre en place dans une entreprise. On préfère parler d’égalité et de diversité. Je pense que si une entreprise veut s’affirmer, elle a meilleur temps de parler de féminisme et cela fait un peu le tri. Si les gens ne veulent pas entendre parler de féminisme, c’est qu’ils et elles n’ont pas leur place dans une entreprise qui met en place des mesures féministes. Il ne faut pas avoir peur des mots !

 

Le Prix durabilité du domaine Economie et Services de la HES-SO récompense les étudiantes et étudiants qui présentent les meilleurs travaux de fin d’étude prenant en compte les enjeux de durabilité. Le jury évalue l’impact en termes d’atteinte des Objectifs de développement durable de l’ONU et l’importance de la dimension durabilité (objectifs, angle d’analyse, méthode, etc.) dans les travaux de Bachelor ou de Master soumis au concours.

Les lauréates du prix 2023 sont :


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