Quels sont les avantages de l'ITTS par rapport aux collaborations existantes entre la HES-SO et d'autres universités pour le 3e cycle en formation doctorale?
Olivier Grand: La HES-SO a un partenariat avec l’Université de Québec à Montréal qui a été initié grâce à un financement de swissuniversities durant la période 2017-2020. Nous avons pérennisé ce partenariat en offrant une bourse par an à un·e diplômé·e de notre Master pour y effectuer ses études de troisième cycle en travail social. Du fait de la distance et que la première année est en présentiel à Montréal, cela est un frein. Seul·es quelques personnes peuvent se permettre ce grand saut.
Nous avons également une convention avec la faculté de des Sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne (Unil) qui permet à des diplômé·es de notre Master en Travail social de poursuivre leur formation moyennant la réalisation de 30 crédits ECTS en prérequis auprès de la faculté. Sachant que notre Master comporte 90 crédits ECTS et que les Masters de cette faculté en comportent 120, ces 30 crédits permettent de combler la différence. Si la réalisation de ces crédits est très logique, l’inconvénient est qu’il faut sortir de la discipline du travail social.
L’ouverture de l’ITTS comble en quelque sorte les «inconvénients» de ces deux offres.
Premièrement, il permet à des personnes possédant un titre de Master HES en Travail social obtenu en Suisse d’entrer directement dans une formation doctorale dans une université en Suisse romande. Les diplômé·es qui souhaitent se lancer dans cette formation doivent avoir une moyenne générale de leurs études de master d’au moins 4,75 et une note d’au moins 5 à leur travail de Master.
Deuxièmement, cette formation aboutira à un doctorat en travail social (PhD en travail social) en partenariat avec la HES-SO. Je crois que cet élément est important en termes d’identité. J’entends des diplômé·es de notre Master dire: «si je fais un doctorat, j’ai envie de le réaliser en travail social, non dans une discipline étrangère.»
A quoi doivent s'attendre les titulaires d'un Master en Travail social intéressés par l'ITTS?
Avec cet institut, nous sortons du modèle que l’on connaît en Suisse pour la réalisation d’un doctorat. Le modèle se situe entre le modèle québécois et la convention avec l'Unil. Cela signifie qu’une fois admis·e à l’institut, vous accomplissez durant les premiers 18 mois 30 ECTS dans un programme proposé par l'ITTS. Vous suivez des cours d'épistémologie et de méthodologies en travail social et des cours en lien avec votre projet de thèse que vous élaborez en parallèle. De plus, la codirection de thèses avec des professeur·es de la HES-SO et des professeur·es de l'UniNE est une spécificité de ce programme.
La réalisation d’un doctorat est un travail conséquent. Seule une partie des personnes qui démarrent une thèse la termine. Quels que soient le modèle et les conditions, cela reste un long travail. Sur ce point, je pense que l’ITTS ne fera pas exception.
Quelles sont les particularités pour la HES-SO de cette collaboration avec l'Université de Neuchâtel, plus spécifiquement avec la faculté des Sciences économiques?
Par rapport à la situation actuelle, il s’agit d’une offre supplémentaire. Sa plus-value porte sur l’accès. En simplifiant, lorsqu’une personne fait son cursus à l’université, elle a la possibilité d’identifier parmi ses professeur·es avec qui elle se verrait poursuivre un 3e cycle. En HES, vous pouvez avoir envie de poursuivre, mais vos professeur·es ne sont pas habilité·es à suivre seul·e une thèse, puisque les HES n’ont pas le droit de délivrer de doctorats. L’ITTS permet de jeter les ponts entre ces deux types de hautes écoles. A partir d'une esquisse de thèse, les doctorant·es peuvent en effet identifier les deux professeurs de la HES et de l'UniNE qui codirigent la thèse. Cela contribuera au développement des collaborations entre nos hautes écoles.
Sur le rattachement de à la faculté des Sciences économiques, je dirais d’abord qu’il a une visée transdisciplinaire, il collaborera avec des professeur·es de toutes les facultés. Ensuite, j’imagine dans une génération des docteur·es en travail social issu·es de l’ITTS occuper des postes clefs de la fabrique des politiques sociales suisses. Il y a là de nouvelles perspectives qui s’ouvrent et qui influenceront nos formations de base en travail social HES.