Par Fateme Pirhayati, étudiante en informatique et systèmes de communication à la HEIG-VD et ambassadrice du domaine ingénierie et architecture.
Lorsque j’ai commencé mes études en informatique et systèmes de communication en emploi en 2023, je venais d’un domaine économique et je n'avais aucune expérience technique. Pourtant, depuis longtemps, l’informatique m’attirait. Mais franchir le pas me semblait intimidant. Pour intégrer cette filière exigeante, j’ai dû trouver une entreprise partenaire, un défi en soi, avant de me lancer dans le programme PiBS (Bachelor intégrant la pratique), un équilibre délicat entre études et travail. Ce double engagement, combiné à un emploi à 100% pendant les vacances académiques et à 50% pendant les études, avec seulement quatre semaines de congé par an, s’est révélé un défi considérable.
Dès le départ, le contraste était frappant : j’étais une des rares femmes dans un milieu majoritairement masculin. Au travail, mon équipe, composée presque uniquement d’hommes, parlait un jargon technique qui me paraissait étranger. Ces discussions autour de systèmes, d’algorithmes ou de technologies me laissaient souvent perdue. À l’école, la première année a été particulièrement rude : mathématiques, mathématiques discrètes, et programmation en langage C++ constituaient un programme intense, renforcé par des laboratoires à rendre régulièrement.
Dans une classe d’environ 30 étudiant·es, nous n’étions initialement que quatre femmes, puis deux seulement à poursuivre. Les cours, combinés à mes lacunes en mathématiques et en programmation, me donnaient souvent l’impression que tout le monde avançait à une vitesse que je ne pouvais suivre.
Malgré mes efforts constants et des résultats satisfaisants durant l’année, les examens finaux ont été un échec. Ce fut un choc. Mes résultats ne reflétaient pas le travail et la volonté que j’avais investis. Cet échec a fortement ébranlé ma confiance en moi. Pendant un moment, j’ai douté de ma place dans ce domaine. Pourtant, j’ai décidé de ne pas abandonner. J’ai pris cet obstacle comme une occasion de réfléchir, de m’ajuster et de repartir avec une stratégie différente.
Pour réussir mes remédiations, j’ai changé mon approche. J’ai appris à poser des questions, même si cela me mettait mal à l’aise, et à demander de l’aide sans craindre d’être jugée. J’ai aussi trouvé du soutien auprès des autres femmes dans des domaines techniques. Nous étions peu nombreuses, mais ces liens m’ont donné une énergie nouvelle pour avancer. Peu à peu, j’ai compris que le vrai combat ne se déroulait pas contre les autres, mais contre mes propres doutes.
Être une femme dans un domaine technique, c’est bien plus que maîtriser un langage de programmation ou résoudre des équations. C’est se battre chaque jour pour prouver que notre place est légitime, malgré les stéréotypes et les échecs. Recommencer mes modules n’était pas une défaite, mais une chance de consolider mes bases et de développer une résilience qui me servira toute ma vie.
Aujourd’hui, lorsque je repense à ce parcours, je me sens fière de ne pas avoir abandonné. À toutes les jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans un domaine technique, je veux dire ceci : l’échec fait partie du processus. Il ne définit pas qui nous sommes, mais il révèle notre capacité à nous relever, à rebondir. Avec du courage, du travail et du soutien, nous pouvons surmonter les obstacles et montrer que notre place dans ce domaine est non seulement possible, mais essentielle.
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