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Optimisation d'une installation de séchage des fruits au Burkina Faso et au Sénégal

Vaud

Le Burkina Faso et le Sénégal sont deux importants pays producteurs de mangue. Dans ces pays, la saison des mangues ne dure que deux mois. Il en résulte des pertes post-récolte qui dépassent les 50%. Ce projet optimise un modèle de séchoir de mangue existant pour augmenter son efficacité énergétique. Ces séchoirs hybrides solaire/gaz naturel permettent de conserver le produit toute l’année et d'ouvrir également l’accès aux marchés européens.

Optimisation d’une installation hybride solaire/gaz naturel pour le séchage des fruits au Burkina Faso et au Sénégal

Les pertes post-récolte dans les pays en voie de développement et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest demeurent à des niveaux très élevés avec plus de 40% de perte (en particulier pour les fruits et légumes). Cela représente un frein important au développement de filières agricoles efficaces capable de garantir un bon niveau de sécurité alimentaire en dépit des aléas climatiques.

Le développement et la diffusion de technologie d’agro-transformation adaptés au contexte socio-économique local est donc une priorité pour réduire ces pertes post-récolte et améliorer la sécurité alimentaire.

Limiter les pertes

Le Burkina Faso et le Sénégal sont deux importants pays producteurs de mangue. Dans ces pays, la saison des mangues ne s’étale que sur deux mois. Il en résulte une importante surproduction lors de la saison des mangues et des pertes dépassant les 50%.

En partant de ce constat, divers acteurs de la coopération en Afrique de l’Ouest ont développé de nombreux modèles de séchoir de mangue qui pourraient permettre de conserver le produit toute l’année et qui ouvrent aussi l’accès aux marchés européens.

Le Centre Ecologique Albert Schweitzer (CEAS) a participé activement à ces développements technologiques de séchoir de mangue et ce, depuis les années 80. Le CEAS a notamment développé et diffusé plusieurs séchoirs solaires et hybrides (gaz/solaire).

Un modèle de séchoir efficace

Mais c’est un modèle simple fonctionnant seulement au gaz, baptisé séchoir ATESTA, qui a connu le plus grand succès en Afrique de l’Ouest avec des centaines d’unités actuellement en cours d’utilisation. La diffusion du séchoir ATESTA a permis de garantir un niveau de qualité de la mangue séchée suffisant pour attaquer le marché de l’exportation.

Cette diffusion large du séchoir ATESTA ainsi que les contacts établis avec des importateurs européens ont permis l’émergence d’une filière intégrée de séchage de mangue au Burkina Faso et dans les pays limitrophes. Cette filière a généré plusieurs milliers de place de travail. Avec un chiffre d’affaire annuel de l’ordre de 2 milliards de CFA au Burkina Faso (> 3MCHF/an), cette filière dynamique a permis de faire entrer des devises dans des pays souvent très dépendant des importations. La production de mangue séchée du Burkina Faso en 2014 s’est élevée à 565 tonnes. Cette production est destinée à 90% à l’exportation principalement vers l’Europe.

Le marché Européen de la mangue séchée est de l’ordre de 2000 tonnes par an, dont 10 à 20% bénéficie d’un label bio. Cette demande est principalement satisfaite par l’Afrique du Sud avec 50% de part de marché. Le Burkina Faso et le Mali détiennent, quant-à-eux, 15% des parts de ce marché.

Il est à noter que le Burkina Faso occupe un rôle de leader dans le marché des mangues séchées bio sur le marché européen. Ce segment du marché est très intéressant car il offre de meilleures perspectives de plus-value. A l’heure actuelle, cette jeune filière subit d’importantes pressions des importateurs et grossistes, essentiellement afin d’améliorer la qualité moyenne du produit.

Un marché en expansion

Plusieurs analyses récentes de cette jeune filière d’agro-transformation soulignent très bien l’important potentiel de croissance de ce secteur. Les différents verrous freinant son expansion sont bien identifiés dans ces études. Il s’agit essentiellement de la qualité et de l’homogénéité des produits ainsi que leurs coûts de transformation.

Il faut savoir qu’actuellement plus de 90% de la production Burkinabè de mangues séchées est produite dans des séchoirs ATESTA. Ces séchoirs bénéficient d’une bonne réputation vis-à-vis de producteurs en Afrique de l’Ouest. En outre, un réseau d’artisans capables de produire de nouvelles unités et de faire la maintenance des unités existantes a déjà été créé.

Optimiser le modèle existant

C’est pourquoi nous proposons à travers ce projet d’améliorer le séchoir ATESTA existant à travers différentes mesures d’optimisation, visant à augmenter l’efficacité énergétique (notamment en valorisant la chaleur solaire), à garantir un produit homogène répondant aux normes sanitaires en vigueur et à limiter le coût de production (limitation des pertes lors de la production, amélioration de l’efficacité énergétique…).

Les différentes mesures d’optimisation pourront être implémentées sur les séchoirs existant ainsi que sur de nouvelles unités. Le CEAS ainsi que leurs partenaires sur place (dont une entreprise active dans le séchage de mangue) participeront à la validation en conditions réelles des performances du séchoir optimisé. La dissémination de cette nouvelle version du séchoir ATESTA sera réalisée au travers du réseau d’artisans créé par le CEAS.

Le nouveau séchoir ATESTA optimisé devrait permettre de dynamiser la jeune filière mangue séchée du Burkina Faso et de réaliser son potentiel de croissance.