Attraits de la durée et Dyslinéarité. Esthétiques de montages contemporaines
Design et Arts visuels

Thèse obtenue en 2023.
La période contemporaine n’est plus aux grandes théories du montage, à l’usage ou à la mise au point de nouveaux principes de montage conceptualisés, au « montagisme », au « tout-montage ». Il s’agit très souvent de « trouver des solutions » avec la « matière disponible », le montage devenant ainsi essentiellement le moment ultime d’organisation du récit. Pour autant, deux territoires esthétiques au sein du cinéma de fiction nous paraissent convoquer des pratiques de montages singulières, où se déploient des structures innovantes. On constate d’une part un attrait de la durée dans les pratiques d’un certain nombre de cinéastes contemporains : Bela Tarr, Lav Diaz, Roy Andersson, Hu Bo, Pedro Costa, ou encore Tsai Ming Liang proposent des esthétiques qui donnent part belle aux plans longs, aux plans tableaux. De telles pratiques nous forcent à complexifier la notion de montage : sa raréfaction en termes d’actes de montage à l’issue des tournages en plans longs implique dès lors une dissémination (partielle, totale) du montage dans la totalité du processus de création. Le montage est alors « partout » : dans la composition géométrique des plans, dans la construction de séquences à l’intérieur des plans, dans des processus d’intra-montage, dans l’écriture de scénarios par blocs narratifs continus incluant un découpage. Un deuxième axe de recherche portera sur les structures dyslinéaires et se propose ainsi d’étudier les puissances esthétiques des structures de montages dyscontinues proposées par certains films récents. On formule ainsi l’hypothèse que ces esthétiques de montage fragmentaires peuvent être étudiées en élisant, comme territoire premier d’analyse, les ruptures et les déliaisons. On s’intéressera à certains films contemporains qui ont fait de la dyscontinuité et de l’hétérogénéité des principes générateurs, qui structurent des collages, des boucles, des juxtapositions et des superpositions. Le concept narratologique de « perturbatory narration » sera ainsi central.