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L'Open Access présente aussi un certain nombre de risques. Les chercheurs doivent être attentifs à ne pas tomber entre les griffes de journaux prédateurs. La transition vers le modèle de l'auteur-payeur parviendra-t-elle à diminuer les coûts de la communication scientifique? Les politiques d'Open Access sauront-elles s'adapter à la diversité des disciplines qu'elles englobent?

Attention aux journaux et éditeurs "prédateurs" ou "parasites" ! Ils se développent dans le même mouvement que l’Open Access. Ils tentent d’exploiter à leur profit le modèle « auteur-payeur ». Ils comptent sur le manque de connaissance des chercheuses et chercheurs en matière d’Open Access. Leur tactique consiste à harponner les auteurs en leur faisant miroiter une publication rapide en Gold Open Access moyennant paiement. 

10 critères pour repérer les journaux prédateurs:

  • Facturation de frais de publication exorbitants et absence de contrôle éditorial ou revue par les pairs,
  • Notification des frais de publication à l'auteur après acceptation de l'article,
  • Spam massif et agressif des personnels académiques les invitant à publier ou devenir éditeur du journal,
  • Acceptation des manuscrits très rapide et acceptation des articles canulars,
  • Lister parmi leurs éditeurs des chercheurs sans leur consentement ou refuser de les laisser démissionner,
  • Lister parmi leurs éditeurs des chercheurs inexistants,
  • Copie visuelle et sémantique des outils visuels et marketing de journaux légitimes,
  • Utilisation frauduleuse ou incorrecte des identifiants ISSN,
  • Fausses informations sur la localisation du siège de la maison d'édition,
  •  Facteurs d'impact faux ou non existants.

Se protéger des prédateurs

Le site Beall's List of Predatory Journals and Publishers offre une liste des revues et des éditeurs à risque. Il permet également aux auteurs de contribuer à la mise à jour de cette liste.

Afin d’identifier les revues et éditeurs crédibles et de qualité, deux outils existent : le Directory of Open Access Journals (DOAJ) ou le guide "Penser. Vérifier. Soumettre".

Pour en savoir plus, voir « A la recherche d'une revue Open Access ». 

L’Open Access n’est pas gratuit. La mise en place d’infrastructures, la gestion administrative et les frais de publication engendrent des coûts.

Les frais de publication

Les craintes actuelles portent surtout sur les frais de publication. Dans le jargon, on les appelle Article processing charge (APC) ou Book processing charge (BPC). Il s’agit des frais prélevés par un éditeur pour une publication en Gold Open Access. Ceux-ci varient beaucoup.  De gratuit, ils peuvent monter, chez les grands éditeurs, jusqu’à 5'000 dollars pour un seul article.

Qui paie ? Actuellement les bailleurs de fonds, tels que le FNS et la Commission européenne paient pour les publications en Gold Open Access quand elles sont issues de projets financés par leur soin. Au sein de la HES⁠-⁠SO, il appartient à chaque école de définir dans quelle mesure elle finance des publications en Gold Open Access ou non.

Concernant le Green Open Access, la HES⁠-⁠SO met son archive ouverte, ArODES, à la disposition de ses chercheurs. Elle est gratuite.

Du "lecteur-payeur" à l'"auteur-payeur"

Au plan international et en Suisse, la tendance actuelle va vers ce qu’on nomme le modèle « auteur-payeur». L’accès gratuit à une publication est à la charge du chercheur (ou plutôt à son institution ou son bailleur de fonds). C’est un gros changement par rapport à l’ancien modèle, celui du « lecteur-payeur ». L’accès gratuit aux publications était ici à la charge des bibliothèques qui payaient des abonnements aux différentes revues.

Le recul ne permet pas encore de mesurer si les coûts vont réellement diminuer avec le nouveau modèle. Mais le risque majeur est de voir les inégalités se creuser entre les chercheurs du Nord et ceux du Sud. Les seconds peuvent, en effet, beaucoup plus difficilement s’acquitter des frais de publication.

Le mouvement en faveur de l’Open Access s’est développé pour tous les domaines de la recherche. Mais certaines critiques émergent. En se focalisant sur les sciences médicales et techniques (SMT), les politiques publiques n'auraient-elles pas négligé la prise en compte des spécificités d’autres disciplines?

Les articles publiés dans des revues scientifiques sont au cœur des politiques en faveur de l’Open Access. Or, selon les disciplines, la communication scientifique  passe par d’autres vecteurs.

Les sciences humaines et sociales

Les craintes émanent surtout des sciences humaines et sociales (SHS). La diffusion des résultats de recherche passe plus par le support de la monographie que par les articles. Et il est plus difficile, dans les SHS, de fixer le périmètre des revues de recherche. Le lectorat peut être plus diffus. Les articles et livres s’adressent aussi à des non-spécialistes. La qualité de la langue (souvent la langue nationale) revêt une grande importance dans les SHS.

Ainsi, les éditeurs, souvent plus petit, effectue un travail qualitatif autrement plus important et nécessaire à la diffusion du savoir que dans les SMT.  Les exigences d’Open Access ne risquent-elles pas de forcer les chercheurs à publier dans des formats moins adaptés à leur discipline, au risque de péjorer leur chance de carrière ? Ne risquent-elles pas de fragiliser bon nombre d’éditeurs qui font la diversité et la richesse de la discipline ?

Les politiques publiques d’Open Access prennent toujours plus en compte la diversité des disciplines. Les délais d’embargo, par exemple, ont été prolongés à 12 mois pour les monographies (au lieu de 6 mois pour les articles). Le FNS, autre exemple, prend désormais en charge les frais de publication en Open Access des monographies, même si celles-ci ne sont pas issues d’un projet qu’il a financé (contrairement aux articles).
 

Les arts et le design

Pour les domaines de la musique, des arts de la scène et du design les politiques publiques en matière d’Open Access en sont à leur balbutiement. La communication scientifique passe ici par des supports souvent autres que l’écrit. Le développement d’infrastructures et d’un soutien financier spécifique au dépôt des résultats de recherche sous forme audio, vidéo ou visuel sont encore de la musique d’avenir.

Etant donné l’importance de ces domaines au sein de la HES⁠-⁠SO, le rectorat cherche des solutions et prévoit une transition plus lente pour ces champs de recherche.