Zone grise de l’original (des bifaces aux NFT)
Design and Visual Arts Geneva

Avec une équipe constituée entre autres d’artistes, d’historien·ne·x·s de l’art, d’un juriste, d’un préhistorien, ce projet de recherche-création explore la « zone grise de l’original », soit un espace trouble qui s’est formé autour de la collection, de la conservation, de la restauration et de l’exposition des œuvres d’art, au moins depuis le Moyen-Âge et après les découvertes archéologiques du 19e siècle liées aux empires coloniaux. Nous avons mené un travail de terrain dans différents musées de Genève, avec à l’esprit différents héritages récents : celui de l’Art moderne, celui de l’Art conceptuel des années 1970, et celui de qu’on appelle, depuis les années 1980, la « critique institutionnelle ».
Le but est de pointer comment certaines conceptions non-occidentales, comment les technologies numériques (impression 3D, NFT, etc.), et comment l’évolution du droit (depuis l’invention de la photographie), peuvent éclairer cette « zone grise de l’original » : comment déplacer ou redéfinir la conception institutionnelle occidentale de l’original et du faux, déjà bien mise à mal depuis le début du XXe siècle, à l’heure où les oeuvres circulent en premier lieu sous forme numérique, et dans un contexte mondialisé ? S’il est de plus en plus difficile de nous repérer au milieu des deepfakes ou des productions de l’intelligence artificielle (IA), doit-on encore s’obstiner à fonder le commerce et la réception de l’art sur le postulat de l’originalité ?
Pour traiter ces questions, ce projet a produit des formes d’exposition sur-mesure et des récits inédits, pour des oeuvres et des artefacts dont la particularité est, bien souvent, de ne pas pouvoir être montrées au public, car de nature douteuse.