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«Le virtuel et le réel formeront un seul monde»

Publié le 05.06.2017. Mis à jour le 05.05.2021.

Les spécialistes de l'internet des objets se retrouvent du 6 au 9 juin à Genève pour l'IOT Week 2017, soutenu par la HES-SO. Nabil Abdennadher, organisateur de l'événement et responsable de l'institut inIT de hepia - Haute école du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève, évoque les enjeux de l'internet des objets pour le grand public.

— Les objets connectés font aujourd'hui partie du quotidien de chacun. Les utilisateurs ont-ils véritablement pris la mesure de leur importance et de leur omniprésence?

— Les utilisateurs perçoivent d'ores et déjà l'importance des objets connectés dans leur vie quotidienne. Dans sa forme la plus simple, le citoyen/utilisateur côtoie les objets connectés dans les parkings de voitures, les détecteurs de mouvements et de présence, les capteurs de température, de pollution. En 2020, le monde aura 50 milliards d'objets connectés. Plusieurs domaines sont concernés : villes et bâtiments intelligents (smart cities et smart buildings), agriculture, industrie, sécurité physique des personnes et des infrastructures, gestion des ressources et des déchets, développement urbain et qualité de vie, e-santé. Le virtuel (numérique) et le réel formeront un seul «monde».

— Les possibilités qu'offre l'internet des objets semblent sans fin. Quelles sont celles dont rêvent les scientifiques?

— Les objets connectés sont générateurs de grandes quantités de données. Le plus important est dans leur traitement, pas dans leur collecte. Comment filtrer les données? Comment les traiter, les analyser et les stocker ? Comment extraire l'information utile et exploitable ? Plusieurs mots-clés font aujourd'hui partie de notre jargon scientifique: on parle de «big data», «data sciences», «data mining», «machine learning», «deep learning» et «cognitive computing». Je pense que le rêve des scientifiques se situe au niveau de la transformation des données collectées, en une information pertinente, exploitable à temps.

—  Sur quels aspects ou applications pratiques de l'IOT travaille-t-on dans les hautes écoles d'ingénierie de la HES-SO?

— Plusieurs écoles de la HES-SO travaillent dans le domaine de l'IOT. Cela concerne toutes les couches des applications et plateformes IoT: collecte des données, stockage et traitement des données, extraction d'information et développement d'applications «end users». Le domaine Ingénierie et Architecture finance un programme de recherche du nom de «Internet of Things for Urban Innovation» (iNUIT). Ce programme de Recherche a débuté en 2013. Il se poursuivra jusqu'à 2020. iNUIT vise en particulier à utiliser le concept IoT dans un contexte urbain. Il est utile de rappeler dans ce contexte, que 85% de la population mondiale vivra dans les villes en 2015.

— Avec l'IOT, l'utilisateur craint d'être de plus en plus surveillé par Big Brother. Est-ce vraiment justifié? Comment peut-il s'en protéger?

— Les problématiques de sécurité, de trust et de protection de la sphère privée sont les défis majeurs de l'IoT. Il faut trouver un équilibre entre le besoin de fournir des informations utiles aux décideurs et aux citoyens, tout en minimisant et en protégeant l’intrusion dans la vie privée des individus. Il s’agit également d’empêcher l’abus d’accès aux données et aux infrastructures par des attaques délibérées ou par zèle excessif des acteurs impliqués. D’autres défis se situent dans la nature distribuée et diversifiée des données et dans les approches encore fragmentées de l’Internet of Things. Les craintes sont justifiées. Mais des solutions sont en cours d'élaboration, nos équipes à la HES-SO y travaillent. Certaines sont d'ores et déjà opérationnelles dans des cas restreints.

Lire également: «L'avenir de l'internet des objets prend forme à Genève»

Site IOT Week 2017

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