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Par notre ambassadrice Camille Lefèvre, étudiante en Œnologie et Viticulture

Dans mes articles précédents, je vous ai parlé de mon parcours pour devenir ingénieure œnologue ainsi que des multiples facettes de ce métier. Dans cet article, je vous présente mes rencontres dans les vignes. Un·e vigneron-ne doit en effet savoir reconnaître les différents insectes présents dans ses parcelles, connaître les auxiliaires, les ravageurs et savoir les dégâts qu’ils peuvent causer. Il /elle doit contrôler chaque population, par exemple en choisissant un traitement adéquat si nécessaire.

La tendance va vers une diminution de l'utilisation de produits phytosanitaires. Pour ce faire, savoir « qui mange qui » est très utile, par exemple afin de limiter la population d'acariens par une présence suffisante de typhlodromes (prédateurs des acariens). Depuis quelques mois je partage mes photos de petites bêtes que je croise pendant mes rondes dans les parcelles sans vraiment vous les présenter. Je profite de cet article pour vous faire donc une brève présentation de quelques-unes. Tout d’abord la noctuelle qui est une petite chenille dite « mange-bourgeons », qui ronge et détruit les bourgeons.

Passons à la coccinelle européenne (adalia bipunctata) : ses larves se nourrissent de cochenilles et d’autres larves. A ne pas confondre avec la coccinelle asiatique qui a été introduite comme prédateur «efficace», tellement efficace qu'elle mange également nos coccinelles européennes… L’escargot (gastéropode polyphage), de son côté, s'attaque aux parties tendres de la vigne telles que les bourgeons ou les jeunes feuilles, puis va manger le limbe des vieilles feuilles.

Saviez-vous que le hanneton est une espèce protégée? C’est d’ailleurs un coléoptère qui a longtemps été considéré comme ravageur. Sous sa forme adulte il se nourrit de feuilles. Il n’a pas d’incidence sous sa forme larvaire car il préfère rester dans le sol jusqu'à sa forme adulte. Une méthode simple et naturelle de réguler sa population sans détruire la flore est de placer des haies pour attirer des oiseaux ou un tas de bois pour un refuge à hérisson puisqu’ils apprécient les larves de hannetons.

Les cicadelles, également appelées piqueur-suceur, le cercope sanguin et le penthimia nigra  se nourrissent de sève sous forme adulte ou larvaire. Ces cicadelles vont sauter en hauteur puis s'envoler afin d’échapper aux prédateurs et aux humains , donc soyez discrets si vous voulez les approcher !

Vous la redoutez surement, moi c’est le cas, mais apprenons à la connaître car elle est surprenante : il s’agit de l’araignée ! Elle dévore quelques insectes ravageurs tels que les cicadelles ou les cochenilles. Elle a plusieurs comportements de chasse comme le fait de rester au sol pour capturer les coléoptères, les cloportes ou les chenilles. Elle se camoufle (araignées-sauteuses, les araignées-crabes…) pour attendre sa proie cachée dans le feuillage ou tisse une toile dans les couloirs de vol pour capturer des mouches, moucherons ou papillons.

Finissons sur l’essentielle, la plus importante de la planète : l’abeille, qui contrairement aux guêpes, n'abîme pas les baies. Ce sont des insectes pollinisateurs qui ne s’intéressent pas aux fleurs de la vigne lors de la floraison. Mettre des fleurs dans sa parcelle permet de maintenir une bonne biodiversité.

Vous l’avez compris, il faut apprendre à connaître notre environnement. La biodiversité est un équilibre fragile, prenons soin de nos terres, de notre environnement. Chaque être a son utilité, même le petit moustique qui nous agace durant nos nuits de camping, puisque ses larves permettent notamment de nettoyer et dépolluer les eaux.