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Les femmes noires dans le domaine technique

Publié le 03.02.2025. Mis à jour le 03.02.2025.

Pourquoi sont-elles si peu nombreuses?

Par Lomami Dende, étudiante en systèmes industriels à la HEIG-VD et ambassadrice du domaine Ingénierie et Architecture

Lorsque nous imaginons une personne exerçant un métier en ingénierie, nous visualisons rarement une femme noire. En effet, elles sont presque invisibles dans ce domaine. Pourtant, elles ont leur place. Mais des obstacles, souvent invisibles, les empêchent d’accéder au domaine technique et d'y rester. Durant mon cursus en systèmes industriels à la HEIG-VD, je n’ai croisé que très peu de femmes noires. Ce manque de représentation est intimidant et renforce le sentiment d'illégitimité. Pourquoi sommes-nous si peu nombreuses ?

A la HES-SO, les femmes ne représentent que 23% des personnes dans les filières d'ingénierie et d'architecture, avec certaines filières telles le génie électrique et le génie mécanique comptant environ 5% de femmes. Les femmes noires sont encore moins présentes. Pourquoi sommes-nous une rareté dans le monde de l’ingénierie ?

Les jeunes filles noires n’entendent presque jamais qu’elles pourraient devenir ingénieures. Celles de ma génération ont grandi avec très peu de modèles auxquels s’identifier, et surtout dans le domaine technique. À l’école, les filles noires sont très peu orientées vers les sciences, considérées comme des études masculines, les stéréotypes jouant un rôle énorme. Et si elles persistent, le chemin reste compliqué. À l’université, les cursus d’ingénierie sont exigeants et souvent isolants. Quand une étudiante noire regarde autour d’elle et qu’elle ne voit personne qui lui ressemble, elle peut se sentir seule. 

Pour celles qui décrochent leur diplôme, la bataille continue. Dans beaucoup d’entreprises techniques, les équipes sont composées presque exclusivement d’hommes blancs. Arriver dans un tel environnement peut être intimidant. Les regards, les doutes, les commentaires, même s’ils ne sont pas toujours mal intentionnés, créent une pression énorme.

Elles doivent souvent travailler deux fois plus pour prouver leur valeur. Pas parce qu’elles sont moins compétentes, mais parce que les préjugés persistent. Cela peut décourager, voire pousser certaines à quitter la profession.

Mais tout n’est pas perdu. Des solutions existent. Par exemple, l’Année Préparatoire Future Ingénieure (APFI) à la HEIG-VD permet d’inciter les jeunes femmes à étudier dans le domaine technique. Des jeunes femmes noires peuvent donc trouver le courage d’entamer une année préparatoire pour se lancer par la suite dans un Bachelor HES. 

En dehors des écoles, des modèles tels que Camille Eddy, ingénieure en robotique, montrent leur quotidien sur les réseaux sociaux et militent pour l’inclusivité. Mettre en avant des exemples de femmes noires qui réussissent en ingénierie est aussi essentiel. Cela prouve que c’est possible.

Les entreprises ont aussi un rôle. Elles doivent recruter autrement, offrir des formations pour briser les biais, et s’assurer que chaque personne se sente à sa place. Des initiatives pour la diversité ne devraient pas être juste des tendances, mais des priorités. Il est très important d’inclure les femmes noires dans des équipes techniques. La diversité encourage et augmente l’innovation et la créativité. Les femmes noires ont une expérience unique, et leurs idées apportent une nouvelle manière d’innover.

L’ingénierie doit être accessible à qui que ce soit et j’espère voir plus de femmes et d’autant plus de femmes noires dans ma filière car c’est un domaine palpitant. Si les métiers de la technique t'intéressent, je t'invite à nous suivre sur Instagram pour découvrir notre quotidien d'étudiantes.