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Refuser l'aide sociale coûte davantage à l'Etat

Publié le 22.01.2019. Mis à jour le 05.05.2021.

Une grande majorité des personnes dans le besoin ne réclament pas les aides sociales auxquelles elles ont droit. Ce n'est pas une économie pour l'Etat, bien au contraire, relève Barbara Lucas, professeure à la Haute école de travail social de Genève, dans un entretien paru dans le journal «Le Temps», mardi 15 janvier 2019.

 

«Par manque de soutien, les personnes non recourantes voient leur état de santé s’aggraver, leur situation sociale se détériorer, ce qui entraîne de plus grandes dépenses au final pour la collectivité», souligne Barbara Lucas, invitée à s'exprimer dans les colonnes du «Temps», avant un colloque sur les droits sociaux organisé pour les 90 ans de la Ligue suisse des droits de l’homme - Genève, les 17 et 18 janvier 2019.

La professeure relève le tabou qui pèse encore sur les personnes dans la nécessité. Les taux de non-recours à l’aide sociale de la part de personnes qui y ont droit vont de 40 à 80% selon les prestations.

Demander l'aide sociale «est considéré comme honteux dans un contexte idéologique qui valorise la responsabilité individuelle et l’autonomie financière. C’est aussi une affaire de fierté», note-t-elle. De nombreuses personnes ne veule pas être associées à l'image négative qu'elles se font des bénéficiaires: «des faibles» ou des «profiteurs». Elles ne veulent pas user de leur droit. «Qui dirait cela du droit à l'éducation?» s'interroge Barbara Lucas.

Afin d'inverser la tendance, la professeure préconise notamment de «déstigmatiser les bénéficiaires de prestations sociales et légitimer les demandes d’aide en automatisant l’octroi de prestations». Elle rappelle également que «la pauvreté n’est pas une identité immuable, mais une situation à un moment donné, qui s’inscrit dans une trajectoire de vie».

Interview intégral sur le site internet du journal «Le Temps»