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Et pourquoi pas les femmes?

Publié le 05.12.2022. Mis à jour le 05.12.2022.

Pourquoi l’ingénierie est-elle encore souvent considérée comme un monde d’homme?

Par Marion Seydoux, étudiante en géomatique à la HEIG-VD, diplômée en architecture de la HEIA-FR et ambassadrice du domaine ingénierie et architecture.

« N'est-ce pas un monde d’hommes? »

« Ce n'est pas trop difficile de se faire une place entre tous ces garçons? »

Depuis mes 16 ans, lorsque j'ai commencé mon apprentissage de dessinatrice en bâtiment, j'ai entendu ces interrogations qui pour moi, n'avaient pas de sens. En apprentissage et en Bachelor d’architecture, il y avait presque autant d’étudiantes que d’étudiants, mais systématiquement on me posait ces questions. Je ne comprenais pas d’où venait cette croyance, que mon métier était un « monde d’hommes » et que « ça doit être dur de faire sa place en tant que femme ».

Plus tard dans mon cursus, je me suis rendue compte que les a priori des gens étaient fondés, car les femmes étaient sous-représentées dans les métiers de la construction. Les personnes hors du domaine n’avaient que des références telles que Mario Botta, Peter Zumthor, Calatrava ou encore Le Corbusier qui sont tous des architectes ou ingénieurs masculins renommés.

Au sein de mon école d’architecture à Fribourg et encore récemment à la HEIG-VD, j’ai réalisé que la grande majorité de nos références et de notre enseignement est l’aboutissement d’un homme, d’un scientifique ou d’un ingénieur. Peu de femmes sont représentées ou citées dans nos supports de cours. Bien sûr cela évolue, nous avons tout de même la chance aujourd’hui de compter quelques femmes parmi nos professeur·es.

Cette sous-représentation des femmes peut être expliquée par le fait que dans le temps, les femmes n’avaient pas accès aux études. Certaines arrivaient, de manière autodidacte et clandestine, à lire, apprendre et même découvrir de nouvelles choses. Mais malheureusement, dû à la société patriarcale bien présente de l’époque, elles devaient se battre pour leurs droits ou parfois léguer leurs découvertes à des hommes, voire utiliser un nom d’emprunt masculin pour leurs publications scientifiques.

Ce fut le cas de Sophie Germain, une mathématicienne, physicienne et philosophe française qui démontra plusieurs théorèmes sous son nom d’homme « Antoine Auguste Leblanc ». Ce n’est que bien plus tard qu’elle reçut un grand prix des sciences mathématiques sous son vrai nom. Il faut tout de même noter que certains grands professeurs de l’époque l’ont soutenue et aidée à se procurer des ouvrages uniquement réservés aux hommes. Grâce à ceci, elle pouvait être au courant des dernières avancées académiques.

Actuellement, les femmes ont accès à toutes les écoles techniques, mais il ne reste néanmoins qu’un petit pourcentage d’entre elles qui s’y penchent. Il est donc important pour les jeunes filles de trouver des modèles féminins dans les domaines de l’ingénierie, afin de leur donner des exemples de réussite féminine et de leur montrer que les femmes ont tout à fait leur place au sein d’une école d’ingénieur·es. Il est difficile de s’imaginer, en tant que jeune, travailler dans un métier dans lequel les seules images ou références sont masculines. Il est à notre génération de marquer l’histoire et de montrer que les métiers n’ont pas de genre, afin de trouver autant de femmes que d'hommes sur les bancs de nos écoles techniques.

Voici donc les réponses à mes questions. Voici pourquoi les gens hors du domaine perçoivent ce métier comme “très masculin”. Voici pourquoi j’ai décidé d’être ambassadrice pour ingénieuse.ch, afin de représenter les femmes dans ce monde d’ingénieur·es et de devenir un modèle d’identification féminin du domaine.

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