Par Olivia Loup, étudiante en génie électrique à la HEIG-VD et ambassadrice du domaine ingénierie et architecture.
Un jour, une personne m'a dit que les femmes venant de pays plus développés - donc avec le choix de pouvoir faire le travail qu'elles veulent sans trop de préoccupations financières - choisissaient plus les métiers dits sociaux.
Forcément, dans mon cas de femme dans le domaine technique et cherchant à mieux promouvoir mon type d'études, j'ai voulu vérifier ces faits. Par mes recherches, j'ai découvert que différentes études [1,2] validaient cette réflexion. Les pays les plus riches et officiellement égalitaires sont ceux avec le moins de femmes présentes dans les métiers techniques.
Cela semblant bel et bien paradoxal, il faut donc exprimer en plusieurs détails d'où cela pourrait provenir. Avant toutes choses, il faut oublier les histoires de quotient intellectuel: il est prouvé que la plupart des femmes font plus d'études que les hommes et que rien ne stipule que les hommes soient, de manière générale, meilleurs dans les branches techniques que les femmes.
Il y aurait d'une part que les stéréotypes (encore eux !) sont plus fréquents dans les pays riches. Il est donc plus probable qu'à force d'endoctrinement, si je puis dire, et à compétence égale, les femmes choisiront potentiellement une formation dite plus sécurisée qu'elles jugeront plus à leur portée. De plus, la place de l'argent dans la formation du bonheur serait moins grande dans les pays plus développés étant donné qu’il y a aussi plus de possibilité d’aides. Ainsi, malgré que les formations de types MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et techniques) soient bien rémunérées, ce ne serait pas un argument suffisamment grand pour vouloir se lancer dans cette voie qui sera jugée comme trop difficile.
Que faire dans ce cas ? Les auteur·es de l’étude [2] proposent plusieurs pistes. Il n'y a pas à dire, travailler ces stéréotypes enlèverait une épine dans le pied pour beaucoup de situations. Mais avec des faits concrets, il y aurait des actions possibles pour casser ce paradoxe. Déjà, lier les études MINT à des compétences plus stéréotypées aux femmes permettrait d'accroître le nombre de participantes. En effet, les filières contenant en plus des aspects sociaux ou liés au vivant seraient celles avec la plus haute proportion de femmes en Suisse.
De plus, selon les auteur·es de l’étude [2], un autre problème serait la compétition ressentie entre les deux sexes. L'idée des quotas existe déjà mais reste un grand sujet de discorde pour beaucoup. Une autre technique serait d'instaurer un tirage au sort selon des personnes de mêmes qualifications. Quoique celui-ci ait surtout été testé en laboratoire, il permettrait une plus grande parité et pour les femmes, moins de peurs de se lancer dans ces domaines.
Si je peux terminer en donnant mon propre avis: j’estime qu’une étude traitant de cas social est à prendre avec les pincettes car prédisposé à interprétation. De plus, il y a, selon moi, beaucoup de paramètres qui entre en compte dans le choix d'une formation. En exemple, nous avons l’environnement de vie qui nous insuffle notre manière de concevoir la réalité et notre vision de nous-même. Tout bêtement, je n’ai jamais entendu un garçon me dire qu’il était mauvais en maths. La question ne se pose même pas pour une femme. Ainsi, il serait plus intéressant de demander aux femmes qui n’ont pas choisi une formation MINT : « Quels ont été pour vous les freins à ce genre de formation ? ».
Référence:
[1] Stoet, G. and Geary, DC. (2018). The Gender-Equality Paradox in Science, Technology, Engineering, and Mathematics Education. Psychol Sci. ISSN 1467-9280 https://doi.org/10.1177/0956797617741719
[2] Hizli, L., Mösching A. & Osterloh M. (2022). Les femmes évitent les métiers techniques – à cause de la prospérité: Le « paradoxe de l’égalité des sexes ». Transfer. Formation professionnelle dans la recherche et la pratique. SRFP, Société suisse pour la recherche appliquée en matière de formation professionnelle.