« Une chambre à soi » : espaces physiques et psychiques du soin
Pour Virginia Woolf, avoir une chambre à soi est une condition primordiale pour disposer d’un refuge libéré de contraintes et où la créativité peut, enfin, se déployer. Espace physique et psychique, la chambre est toutefois assaillie par des intrusions, réelles ou fantasmées. De la pédopsychiatrie à la psychogériatrie, en passant par la psychiatrie adulte, le sujet est quasi omniprésent. Privilégiant une approche interdisciplinaire, cette journée mettra en perspective des pratiques professionnelles, des approches cliniques et des résultats de recherche.
Au sein des familles, des conflits se cristallisent autour de ceux et de celles qui se barricadent, refusent les échanges, démolissent des portes ou empilent des masses inouïes d’objets. Ces conduites déconcertantes seront abordées à travers des cas cliniques (troubles obsessionnels compulsifs, syndrome de Diogène).
Dans les hôpitaux, les usages des chambres de soins intensifs font l’objet de protocoles et sont cadrés par le droit ; enfermer et être enfermé.e reste cependant une expérience redoutable. Lors de cette journée seront présentées des études originales, visant à réduire la coercition au profit de l’apaisement, en particulier par la musique. Dans une structure collective, où vivent des patient.es sous mesure pénale, prendre en photo sa chambre est l’objet d’un atelier dont les résultats nous seront présentés.
Amorcée depuis des décennies, la réduction des lits hospitaliers au profit de l’ambulatoire n’est pas une problématique close. Elle révèle des visions plurielles de ce qu’avoir « une chambre à soi » signifie en psychiatrie. Dans ce contexte, il sera aussi l’occasion d’entendre les expériences des soignant.es lorsque se préparent les sorties de l’hôpital et s’organisent des interventions à domicile.
Programme
Animation tout au long de la journée par Tolten, psychologue clinicien, rimailleur et slameur.
8h30
Accueil
9h
Ouverture et introduction à la journée
Carole Wyser, Directrice générale, HESAV
Cristina Ferreira, Professeure associée, HESAV
9h15
Ma chambre à moi : intériorités et compulsions adolescentes
Vincent Estellon, Professeur de psychopathologie clinique, Institut Humanités, Sciences et Sociétés, Université Paris Cité
10h00
Syndrome du Diogène et placements à des fins d’assistance
Benjamin Lavigne, Médecin adjoint, Institut de psychiatrie légale, Département de psychiatrie, CHUV
10h45
Pause café
11h15
La dernière chambre, l'impossible intimité
Annick Anchisi, Professeure honoraire, HESAV
12h
De la cellule à la chambre à soi : un atelier photo avec des résidents
Kiny Mottier, Directrice de structures psycho-sociales
12h45
Lunch libre
14h
Le lit hospitalier en psychiatrie : de l’objet à l’enjeu politique
Emilie Bovet, Maître d’enseignement, HESAV
14h45
Table ronde : intervenir à domicile
Animation : Audrey Linder, Adjointe scientifique, HESAV et Line Guillod, Médecin associée, Département de psychiatrie, CHUV
Aurélie Fleury, Infirmière cheffe d’unité de soins, Fondation de Nant
Patrick Coquoz, Infirmier, Equipe mobile d'intervention rapide, Fondation de Nant
Jonathan Vaughan et Raphaël Pyroth, Infirmiers, Service de psychiatrie et psychothérapie communautaire, Fondation de Nant
Rebecca Moyrand, Infirmière indépendante en santé mentale et praticienne-formatrice
Yann Fulliquet, Infirmier indépendant en psychiatrie et Infirmier chef à la Clinic les Alpes (Avants, Vaud)
15h45
Pause café
16h
« Si on avait des chambres d’isolement, on s’en servirait » : représentations et usages de l’isolement dans des services psychiatriques peu coercitifs
Sébastien Saetta, Sociologue, ENSEIS Recherche, Centre Max Weber et CHU de Saint-Etienne
16h45
Compositions pour chambre d'isolement
Benoît Moreau et Dragos Tara, Musiciens-compositeurs
17h30
Clôture